Allemagne
Auteur(e) : Morgane Violot
14/03/2025
Documents officiels
Synthèse
I. Contexte
L’Allemagne, qui s’inscrit dans une longue tradition de recherche en physique quantique et disposant d’un solide réseau universitaire et extra-universitaire dans le domaine de la détection, de l’imagerie et de la métrologie quantique, s’est lancée dans la course mondiale quantique, souhaitant occuper une place de premier plan dans le domaine.
C’est ainsi que le gouvernement fédéral allemand a élaboré sa première stratégie quantique en 2018, stratégie dotée d’un budget de 650 millions d’euros pour quatre ans. À la différence d’autres puissances mondiales, telles que les États-Unis ou encore la Chine, le pays a fait le choix d’axer sa stratégie sur le développement des technologies quantiques, avec une visée industrielle et au service de l’économie. Le renforcement de la coopération internationale a également été au cœur de cette stratégie.
Pour appuyer la stratégie nationale quantique, un plan de relance a été élaboré en 2020, prévoyant un budget de 2 milliards d’euros destinés à la recherche en technologie quantique et la mise en place d’un groupe d’experts (seize membres) issus du monde scientifique et industriel en vue de proposer une « feuille de route ». La création de nouvelles structures et d’une organisation interrégionale, l’Association quantique allemande (organisation qui n’a cependant jamais vu le jour) font partie des propositions énumérées par ce groupe d’experts.
Poursuivant son objectif, l’Allemagne a élaboré, en 2022, une seconde stratégie nationale en matière de photonique et de technologies quantiques, pour une période de dix ans.
II. Contenu de la stratégie
La stratégie nationale allemande de 2022 vise à encourager l’innovation et le développement de la recherche. Afin de rester en tête à l’échelle internationale, ladite stratégie (à laquelle se greffent trois buts adjacents, dont le soutien de l’économie durable) est fondée sur trois piliers soutenus par des objectifs clairs et échelonnés mobilisant divers moyens.
Les trois piliers sur lesquels repose la stratégie sont les suivants : l’approfondissement de la recherche sur les systèmes quantiques ; le développement d’applications porteuses de solutions pour la société et pour les acteurs économiques ; et enfin la préservation de l’écosystème allemand, passant notamment par le soutien des chaînes d’innovation, le renforcement de la coopération internationale et la formation de talents.
La seconde stratégie allemande fonde ces trois axes majeurs sur des objectifs clairs et échelonnés (sur la période 2026-2032). L’augmentation du nombre de start-ups, la mise sur le marché de nouveaux produits, le maintien du leadership allemand en matière de publications et de brevets ou encore la création d’un nouveau marché de recherche intensive pour l’industrie photonique allemande en font partie. La réussite de ces objectifs est également conditionnée par la réalisation de missions, telles que l’établissement et la poursuite d’objectifs mesurables, l’exploitation des points forts du pays dans le secteur, l’adoption d’une démarche sur le long terme et dans une perspective de souveraineté européenne ou encore le développement de talents et d’une main-d’œuvre qualifiée.
L’approche allemande s’est poursuivie avec l’adoption d’un plan d’action à court terme (plan d’action 2023-2026), auquel un budget d’environ 3 milliards d’euros a été alloué. L’élaboration de ce plan devrait permettre à l’Allemagne de se positionner parmi les leaders mondiaux dans le domaine des technologies quantiques.
Ce plan d’action entend mettre l’accent sur l’optimisation de l’utilisation des technologies quantiques ; sur la société et les institutions publiques ; sur la progression ciblée du développement technologique ; et enfin sur la création de conditions optimales pour un écosystème solide.
Des mesures concrètes, vouées à être prises durant cette période, sont ainsi détaillées. On peut noter la garantie et la consolidation de la capacité d’innovation et de la souveraineté technologique allemande dans le secteur ; la stimulation du développement et de la fabrication de produits commercialisables ainsi que la formation de professionnels qualifiés afin de faire du pays un site attractif pour l’emploi dans le domaine.
Enfin, l’action commune et la mise en réseau de différents acteurs sont également au centre de ce plan d’action, volets qui devraient permettre à l’Allemagne d’atteindre la souveraineté technologique souhaitée.
III. Pour aller plus loin…
La stratégie quantique allemande n’entend pas s’appuyer exclusivement sur l’action fédérale. Les Landers (particulièrement La Bavière estimée comme étant pionnière des sciences quantiques, subventionnant la Munich Quantum Valley, projet collectif visant au premier ordinateur quantique allemand) ont également un rôle à jouer dans le secteur. À titre d’illustration, cela peut passer par leur participation au financement d’organismes de recherche publics, de projets de recherche au niveau régional.
Enfin, tant à l’échelle européenne qu’internationale, l’Allemagne se place à un rang de premier choix. Au niveau européen, le pays se positionne comme le plus grand soutien à la recherche en informatique quantique en Europe (premier pays européen avec le plus grand nombre de publication). Au niveau international, l’Allemagne occupe également une position de premier plan, tant au niveau des brevets que des publications.