États-Unis

Synthèse

I. CONTEXTE

Le statut de leader mondial des États-Unis dans la recherche et le développement quantiques est le fruit d’un investissement soutenu du gouvernement américain dans le domaine. Selon une note d’action de l’Institut Montaigne de 2024, les États-Unis représenteraient 30% du marché du quantique.

Selon un rapport de 2023 faisant l’état des lieux de la stratégie nationale de 2018, d’importants budgets dans le secteur ont été alloués par les États-Unis : 400 millions de dollars en 2019, plus de 900 millions de dollars en 2022 et environ 800 millions de dollars en 2023.

En conformité avec leur ambition d’un leadership mondial quantique, les États-Unis ont élaboré leur première stratégie nationale quantique en 2018, intitulée « National Strategic Overview for Quantum Information Science », sous la supervision du Conseil national de la science et de la technologie (NSTC). Cette stratégie, instituée pour une période de dix ans, a pour ligne directrice la recherche fondamentale.

II. CONTENU

La réussite de cette stratégie nationale est soutenue par cinq axes majeurs, destinés à être pris en compte par les agences gouvernementales dans l’élaboration de futures feuilles de route.  

L’approche « Science-first », perçue comme l’axe majeure de cette stratégie, vise à positionner la science au cœur de celle-ci, afin de renforcer la recherche, et ce, par le financement du gouvernement fédéral et la promotion du dialogue et de la collaboration entre chercheurs.

Le deuxième axe de cette stratégie est la création d’une main-d’œuvre américaine dite « intelligente », cruciale pour garantir des progrès durables. Parmi les moyens énumérés, le soutien massif de la recherche fondamentale est recommandé. Le renforcement de la coopération entre le monde universitaire et l’industrie visant à la création d’approches convergentes et multidisciplinaires devrait ainsi permettre d’accroître la recherche fondamentale, principal mécanisme de création d’une main-d’œuvre qualifiée. De surcroît, il est recommandé d’encourager le monde universitaire à considérer la science et l’ingénierie quantique comme une discipline à part entière et d’intégrer le domaine de la science quantique dans l’éducation, et ce, dès les premières années de formation. La stratégie propose ainsi la mise en place d’un programme d’enseignement de la pensée computationnelle et scientifique mettant en lumière l’information et la physique, allant de la maternelle à la 12^ème année. Enfin, la stratégie souligne l’une des lacunes inhérentes au système éducatif américain, à savoir sa focalisation sur des filières disciplinaires distinctes, négligeant ainsi les études interdisciplinaires permettant de préparer les diplômés aux questions et défis modernes complexes, inhérents au domaine quantique.

Le renforcement de l’engagement avec l’industrie quantique est le troisième axe prévu par ladite stratégie. À ce titre, les États-Unis devront accroître leurs investissements dans les centres de recherche dédiés aux technologies quantiques et encourager la formation d’un consortium quantique américain, réunissant industriels, universitaires et gouvernement fédéral dans un objectif de coordination, dans le but d’accélérer de la recherche et du développement quantique (à l’instar de la Semiconductor Research Corportation).

Le quatrième axe vise la construction d’infrastructures. Le développement du secteur quantique dépend en grande partie de la disponibilité d’outils, d’installations et d’infrastructures appropriés. Ainsi, la stratégie recommande d’encourager les investissements nécessaires à la création d’infrastructures nécessaires et les agences à fournir à la Recherche un accès aux installations existantes et futures.

Le maintien de la sécurité nationale et de la croissance économique américaines figure également parmi les axes majeurs de cette stratégie. Parmi les recommandations visant à sa réussite on recense le maintien d’une compréhension sur l’implication et l’évolution des technologies quantiques en matière de sécurité nationale et la promotion des mécanismes permettant aux agences gouvernementales de rester informées sur l’implication des technologies quantiques en matière de défense et de sécurité. Toutefois, la stratégie met en garde sur l’équilibre délicat, à atteindre, entre les avantages de la croissance économique et les nouveaux risques redoutés par de telles technologies. À titre d’illustration, la protection de données sensibles figure parmi les risques et défis inhérents à l’utilisation de telles technologies.

Enfin, le dernier axe stratégique identifié concerne la promotion de la coopération internationale. Bien que largement inhérente aux stratégies nationales quantiques de nombreux États, la coopération internationale envisagée par la stratégie nationale américaine se démarque sur un point : une coopération internationale où industriels et gouvernementaux partagent les mêmes idées. Cette coopération internationale devrait ainsi permettre aux États-Unis de conserver leur leadership et compétitivité dans le domaine, d’améliorer l’attraction du pays dans le but d’attirer les meilleurs talents et d’identifier des forces et des domaines d’intérêt ainsi que des lacunes et des opportunités des acteurs internationaux afin de mieux comprendre l’évolution du secteur. Trois domaines sont mentionnés comme devant faire l’objet d’efforts stratégiques internationaux, parmi lesquels on trouve l’identification et la priorité aux partenaires bilatéraux stratégiques devant notamment permettre aux États-Unis de continuer à attirer et à retenir les meilleurs talents internationaux.

Quatre défis, identifiés par le sous-comité sur la science de l’information quantique du NSTC, ont été abordés dans la stratégie. Les États-Unis devront ainsi porter une attention particulière en matière de coordination, de main-d’œuvre, de connexions intercommunautaires et de découvertes. L’un des défis mentionnés vise l’amélioration de la coordination entre l’ensemble du gouvernement et les institutions publiques et privées en vue de permettre la création d’un écosystème national solide et d’un leadership mondial.

III. POUR ALLER PLUS LOIN…

Ayant connu un succès notable au terme de ses cinq premières années, la stratégie nationale quantique de 2018, dont ses activités n’avaient été formellement avisées que pour cinq ans, a bénéficié d’un avis favorable, quant à son renouvellement, rendu par le National Quantum Initiative Advisory Quantum en 2023. Cet avis avait pour objectif de lui permettre de reprendre un second souffle avec l’ajout de nouvelles mesures ayant pour vocation de maintenir le leadership américain. Ce rapport de 2023 met, notamment, en lumière la nécessité, pour les États-Unis, d’adopter une approche paneuropéenne, incluant la participation de tous les secteurs et la coopération de partenaires internationaux.

En 2020, les États-Unis ont maintenu leur dynamique dans le secteur avec le lancement d’une stratégie visant à développer un prototype d’Internet quantique national, élaborée par le Ministère de l’Énergie.